Sierre-Zinal 2014: une escargote au royaume des chamois
Dès le début de la montée, je sens que quelque chose ne tourne pas rond: des suées, mal au ventre, nausées... Dans la nuit, je m'accroche et je monte bravement. Un pas après l'autre. Une cloche tinte: le premier vient de passer l'oratoire de St-Antoine, dans la montée qui mène à Beauregard, le 1er ravitaillement.
La veille, arrivée un peu perdue à Sierre, je tombe sur Lexoulex, son homme et une amie. Nous passons une super soirée avant de nous séparer et pour moi d'aller dormir (peu) dans le dortoir prévu par l'organisation (et c'est très bien organisé).
Procession dans la nuit
Après ces 2km de mise en jambes, vient le "plat" de résistance, la montée abrupte dans la boue jusqu'à l'alpage de Ponchette, sur 4 km. Surviennent les premiers bouchons. Des gens glissent. Je monte comme je peux, gérant la douleur et les nausées (pour finir ce sera donc une gastro-entérite, mais je ne le sais pas encore). Le petit jour commence à pointer, coup d’œil sur la plaine et ses lumières.
Melina me dépasse, elle a l'air en superforme et je suis heureuse pour elle. Moi je ralentis et ralentis encore, gérant la douleur. Je m'arrête aux points de vue qui se dévoilent au fur et à mesure de notre ascension. Les sommets sont bien visibles et la météo est meilleure qu'annoncée, même si on aura droit à quelques averses.
Et
voici Ponchette dans le petit matin! Je bois un gobelet d'eau et toute
revigorée par l'ambiance du ravito et des chaleureux bénévoles, je
m'élance vers Chandolin. Enfin.... c'est vite dit. L'eau ne passe pas.
J'avais prévu de courir sur ce tronçon mais mes tripes ne sont pas
d'accord. Elles me permettent quand même de trottiner à la descente.
Stop ou encore?
A Chandolin, il y a plein de monde alors qu'il est 8h du mat et que nous sommes à 2000 mètres, c'est incroyable. Je me réjouis du chemin Chandolin-Tignousa que j'aime parcourir en automne, quand les mélèzes ont des couleurs de feu. Mais mon ventre me fait de plus en plus mal. Je ralentis et ralentis encore. OK. Aller jusqu'à Tignousa et décider là-bas de la suite.
Au détour d'un rocher, j'aperçois le coach de mon club, tout surpris et content de me voir là: "Quelle surprise Escargote! C'est bien!" Des bises, on échange quelques mots... Je suis fière d'être là. C'est décidé, je continue. A Tignousa, le compagnon de Lexoulex est là, avec la belle chienne Boxer. On papote un brin... Leur soutien aura été essentiel pour moi. Je leur dois d'avoir continué!
Au ravitaillement, étourdie, j'avance la main vers un gobelet de thé. Je m'aperçois de mon erreur en le portant à mes lèvres, moi qui ne supporte que l'eau, en course. "Tant pis, ça ne peut pas être pire", je me dis. Et curieusement, le thé m'apporte un mieux-être immédiat. Je finis le gobelet et repars ragaillardie. Une centaine de mètres plus loin, une fille arrive en sens inverse, la mine sombre. "Bravo, c'est bien", me dit-elle avec la tête de celle qui a abandonné. "Bravo à vous", je réponds. Je sais le courage qu'il faut pour dire stop.
Mi-course
Le soleil se pointe et les pâturages en sont illuminés. Je trottine sur le "chemin des planètes" et passe la mi-course en 3h21. La montée vers l'hôtel Weisshorn se passe étonnamment bien. Je me suis accrochée à deux filles très sympa et on plaisante. Selon elles, le plus dur est fait. Oh comme je les remercie d'avoir fait les lièvres sur la suite du parcours!
Je ne m'attarde pas malgré la beauté du panorama. Un thé chaud et c'est reparti pour un faux-plat très agréable et roulant, quelques pierriers. Les juniors partis à 9h15 de Chandolin déboulent comme des bombes sur le chemin monotrace. On se pousse pour les laisser passer. On se concentre, on se dépasse, on rigole, on admire la vue... Mine de rien on forme un petit groupe d'une douzaine de coureurs. Je trottine avec bonheur dans un des plus beaux paysages de montagne qui soient!
Descendre, ça s'apprend
Au loin, en bas, on aperçoit Zinal. Arrive le dernier ravitaillement avant l'arrivée, Barneusaz. Je bois un peu de thé mais les maux de ventre se font de nouveau insistants. Je poursuis mon trottinement en mode tout doux, et voici la descente. Pentue, boueuse, semée d'embûches.
Je me rends à l'évidence: je ne sais pas descendre. (Je sais ce qu'il me reste à faire pour la prochaine fois!) Tripes et genoux en compote, cette descente m'est un calvaire. A tel point que je ne vois même pas le compagnon de Lexoulex qui m'encourage.
C'est magique!
Cerise sur le gâteau, j'assiste à l'arrivée de Kilian Jornet et des élites... et de Lexoulex qui a aussi connu une course difficile. Je suis émue de les voir arriver, coureurs et touristes, tous ces conquérants de l'inutile qui sont allés au bout d'eux mêmes. Ils sont magnifiques!
Tout ça se finit au soleil avec une solide assiette pour les uns et un petit morceau de pain pour l'Escargote "pour voir si ça passe". Et avec l'envie de revenir, en forme et mieux préparée. Comment résister à la magie de la montagne? Comment résister à l'enchantement de Sierre-Zinal?
Bravo Escargote! Tu l'as fait!!!!!!!!! Quel courage et quelle volonté tu as eu pour aller jusqu'au bout dans ces conditions. J'espère que tu vas mieux. A bientôt.
RépondreSupprimerMelina
slt petite Suissesse,peite par la taille mais grande par le talent,superbe resumé,çà m'a l'air magnifique,il va falloir que je songe à le faire un jour,ptete en 2015,çà doit etre loin de chez moi encore tt çà
RépondreSupprimerbises à toi