Un, deux, trois... mon 1er triathlon

Prologue

Il y a eu ce verdict: fini la montagne et encore plus la course en montagne, pour une douzaine de mois au moins. Comme un grand trait tiré sur mon objectif de l'année qui était un trail de 60 km en montagne, et sur Sierre-Zinal. Un rêve suspendu, un goût d'inachevé et la montagne qui m'est soudain comptée à dose homéopathique, me laissant désemparée... Après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps et provoqué une dramatique montée des eaux (oui c'est donc moi), je commence à me ressaisir. Je suis très triste et déçue, mais il y doit sûrement y avoir des tas d'autres choses chouettes à faire.

Parmi les choses agréables, les adorateurs d'Esculape m'autorisent à pratiquer le vélo et la natation, sans réserve. Et à un peu de course à pied, dans certaines conditions. Voilà qui me laisse une marge de manœuvre pour expérimenter de nouveaux trucs!

"Tu peux nager, faire du vélo... Pourquoi tu ne ferais pas le mini triathlon d'à côté?", me suggère un pote. Et de m'expliquer le concept: "tu nages 200 m, après tu as du genre 10 km de vélo et puis quelque chose comme 2 kil de course, bref c'est rigolo, ça ne casse rien et tu peux voir si le tri, ça te plaît." Et de préciser que sur le plan d'eau où se déroule la natation, tu as tellement ton fond que tu peux aussi courir dans l'eau. On rigole en s'imaginant la scène.

Ouais sauf que dans une autre vie, j'avais dit que le triathlon, moi jamais. En lisant les récits de course de triathlètes, et notamment de Tati, je m'étais promis de ne jamais tenter de m'y frotter, tellement ça avait l'air dur, ingrat, compliqué. En plus je déteste le vélo sous la pluie. Mais voilà, ma situation a changé, et si je peux me lancer des petits défis en tenant compte des paramètres du moment, c'est tout bénéf' et pour ma forme et pour mon moral! Ni une ni deux, je consulte le site et le format découverte 200m-10 km-2 km a l'air tout à fait abordable pour moi, même si je n'ai aucune idée de comment gérer les transitions et toutes ces sortes de choses. Pourquoi pas essayer? En plus je peux me rendre à vélo sur le site de la manifestation. 

Préparatifs

Mine de rien, l'idée de me frotter au triathlon s'est installée comme un nouvel objectif. Bien sûr que courir en forêt et en montagne me manquent terriblement, comme une personne aimée peut vous manquer. En même temps, je redécouvre aussi d'autres manières de bouger, d'autres sensations, d'autres paysages. Arrêtons-nous deux secondes sur l'état de l'escargote au moment de la prise de décision de participer à son 1er triathlon "découverte":

- Natation: pratiquée uniquement à la belle saison, consiste à faire de la brasse coulée sans s'essouffler, 1000 m maximum. Lente. Passée récemment à 1500 m et 2000 m pour garder un fond d'endurance.

- Vélo: a fait l'acquisition d'un vélo de route l'an dernier. Roule uniquement à la belle saison et par beau temps, ce qui veut dire qu'elle a effectué sa première sortie de la saison à la mi-mai. Roule très, très, très lentement, a peur en descente et beaucoup de mal avec les montées. Et faut pas qu'on la stresse. A part ça, quand il fait beau et qu'il n'y a pas de circulation, elle adore ça, le vélo. L'an dernier, elle a fait quelques sorties de 70 et 80 km. Cette année, en ce "début de saison", elle fait des balades (vécues comme telles) de 40 km maxi. Autrement dit, zéro entraînement.

- Course à pied: ça, jusqu'à récemment, ça allait bien... A l'aise sur du long, essoufflée sur du court, amoureuse du marathon.

- Transitions: késako? Jamais entendu parler de cette discipline!

Comme les rêves et les projets sont mon moteur, la machine à rêver s'est mise en marche: ce nouveau projet m'aide à avancer. La découverte me stimule. Je n'ai pas encore complètement fait le deuil de la course dans la montagne, mais je recommence à voir la vie du bon côté. J'ai un peu moins de trois semaines pour me "préparer". Comment m'y prendre? Euh, je vais nager, faire du vélo, surtout en côte... et aller à la découverte des zones de transition et de tout ce cérémonial. Bref, j'improvise. L'essentiel  pour moi est de pouvoir bouger, au diable les plans structurés: je dé-couvre.

Pour le matériel, j'ai j'ai craqué pour une trifonction. Soldée et qui me va parfaitement. A ce stade, je n'envisage pas l'achat d'une combinaison et tant pis si j'ai froid, pour 200 mètres, ça devrait être gérable (LOL). J'ai prévu un linge microfibre pour rapidement me donner l'impression de sécher... les pieds. Mon beau vélo, mon casque, chaussettes de running et baskets de running aux pieds... je ne sais pas encore rouler clipsée (incroyable mais hélas vrai). Pour faire bonne mesure, je suis inscrite la veille à une marche sportive de 10 km. 

Zone d'échange

Les jours qui précèdent la compétition, la météo reste très maussade et fraîche (perso, ça me va mieux que la canicule, mais ne l'avouons surtout pas) et nous ne sommes qu'une poignée d'irréductibles dans la piscine en plein air. En nageant, ça va, on se réchauffe. A ma grande surprise, je constate que je ne nage pas si mal, malgré ma brasse coulée: je double de nombreux crawleurs, y compris des personnes en combi néoprène. Cela me donne confiance pour le petit bout de nage que j'aurai à effectuer dimanche. La grande inconnue reste le vélo, car je suis archi débutante et je pédale vraiment lentement. En plus, j'ai chuté dernièrement et je ne roule que sur un plateau, n'ayant pas eu le temps de passer chez le vélociste re-régler tout ça (et n'étant pas (encore) cap' de le faire moi-même.

La veille, je prépare mon matériel et je me renseigne sur la température de l'eau. J'apprends qu'elle est soumise aux mêmes aléas que le décompte des manifestants: 15°C selon la sonde de l'Ecole polytechnique fédérale, 18°C selon les organisateurs. Heureusement que je n'ai que 200 m à faire.

Le jour J, je me réveille un peu raide de la marche de la veille. Le thermomètre extérieur affiche 14°C et le couvercle de nuages est bas. Du coup, outre un petit déj roboratif, je me prépare un thermos de tisane. J'ai un peu l'impression de partir pour un trail en montagne, entre aléas de la météo et matériel à prévoir. Je pars en train et rejoins la plage après 5 km parfaits pour un échauffement et juste à temps pour voir arriver les élites hommes et admirer leurs transitions. Je retire mon dossard, applaudis les élites, le soleil montre le bout de son nez et... l'atmosphère conviviale et joyeuse me ravit. Au parc à vélo, je me retrouve entre deux excellentes triathlètes chevronnées qui m'encouragent, vérifient que j'ai bien disposé mon matériel (examen réussi) et qui sont super choux! Merci mesdames pour votre bienveillance à l'égard de la "petite débutante"qui avait presque deux fois votre âge.

Nager

 A ma grande surprise, la plupart des gens qui se risquent dans le lac ont revêtu des combinaisons en néoprène, même pour 200 m. Il faut dire que l'eau est... fraîche. Surtout pendant l'attente près de la ligne de départ. D'abord les bonnets rouges (rien à voir avec les bretons), les mecs. Puis nous, les bonnets verts. C'est parti. D'abord j'ai le souffle coupé par le froid, puis cela va un peu mieux.

 Je bois, rebois et rerebois la tasse avant de commencer à trouver mon rythme dans cette eau vert-brun, bien boueuse, bien brassée et parmi les vagues (bon, c'est pas non plus l'Atlantique). J'ai beau être partie parmi les derniers, je me fais bousculer de tous les côtés... et je bouscule aussi sans le vouloir. Du coup les "pardon", "j'mexcuse" fusent. A la bouée c'est la foire d'empoigne. J'ai l'impression de ne pas avancer et d'ailleurs, je n'avance pas. Je suis parmi les derniers à sortir de l'eau, je m'élance: enfin s'extraire de cette masse froide!

Rouler

Je rejoins mon vélo et là tout va très vite (merci la trifonction), attrape casque et lunettes, saute dans mes chaussettes (j'ai quand même une demi-seconde d'hésitation: sont-elles bien nécessaires?), dans mes godasses, bois une gorgée à ma gourde et c'est parti, je cours avec le vélo hors du parc à vélos et me voilà en selle dans une folle ambiance. C'est un tel bonheur aussi de sentir le soleil sur ma peau. Le parcours commence par une montée.

Mes jambes pèsent deux tonnes mais en même temps, je suis si heureuse d'être à vélo! Moi, la cycliste du dimanche, je suis euphorique, me sens parfaitement bien et double à qui mieux mieux à la montée et au plat, un régal. Bon, je me ferai reprendre par quelques personnes dans la descente. Je réussis à rater un embranchement sous les moqueries des bénévoles: "eh, faut pas suivre les touristes! Tu veux rallonger le parcours?" Je rigole et réponds: "ouais, y a pas assez de vélo!"

On traverse quelques villages, des champs, c'est bien bucolique et ça donne envie de continuer. Quelques changements de direction un peu brusques pour moi, un passage sous-terrain (aussi emprunté à l'aller, j'aime pas ça) et c'est déjà fini. Dix kils, à vélo, ça passe vraiment vite. Me voici de retour au parc Où je laisse mon vaillant destrier. Et c'est parti pour tenter de me servir de mes jambes.


Courir

Pour une escargote, c'est pas une mince affaire de s'aligner sur une distance courte où on est "à fond" tout du long (même si en vélo, en fait, je n'étais pas "à fond" du tout, me suis-je rendu compte). Au début, mon cerveau et mes jambes ont du mal à communiquer, il y a de la friture sur la ligne.

Cela me rappelle "On a marché sur la lune", un album de Tintin, où la terre tente de contacter la fusée: "Fusée lunaire, répondez!". Bref, mes mouvements sont un peu désordonnés, façon pantin désarticulé qui apprend à courir. Au fur et à mesure que j'avance, ça va un peu mieux. Je cours à environ 11 km/h, puis 12, le long d'une plage qui est un de mes spots pour caler mon allure marathon: d'habitude, je suis à 9,5 km/h sur ce parcours!

Fichtre, ça change. J'entends un "Allez Escargote" qui me surprend: c'était justement un copain marathonien qui s'entraînait! Le parcours est un aller-retour et il faut un peu slalomer entre les poussettes et les piétons, demander le passage, bref, ce ne sont rien que 2 km, mais ce n'est pas simple. J'ai au contraire trouvé le parcours vélo très confortable car il y avait des bénévoles pour gérer la circulation, et ça c'est top. Et puis les arbres sont en vue, la petite foule, le tapis  l'arrivée et je glisse au speaker que c'est mon premier. Je n'ai aucune idée de mon temps. Ma montre indique dans les 48' mais j'ai oublié de l'arrêter. Pour une première, je suis ravie.

Rentrer

Le cadeau du finisher est un pot de miel suisse, je suis enchantée car j'adore ça. Je regarde un moment les courses des enfants: quelle volonté ces petiots! Certains peinent le long de la première montée et mettent pied à terre. J'hallucinent comme certains parents houspillent leurs bambins. "Eh, c'est qu'un jeu!", ai-je envie de leur dire.

Du coup, j'encourage une jeune demoiselle qui a mis pied à terre: "bravo, c'est bien! Continue comme ça!" Et j'ai droit à un sourire de la part d'une petite frimousse qui était en larmes. Note pour plus tard: si un jour je fais faire du sport à des gamins qui me sont proches, réagir autrement qu'en les engueulant.

 Je papote avec une bénévole que je connais puis j'enfourche mon vélo pour rentrer chez moi. Au retour, je me prends une averse de chez averse, mais je m'en fous éperdument, j'ai couru mon 1er triathlon et je suis sur mon petit nuage. Rien ne m'arrête. Et maintenant? Je vais peut-être voir pour une combi en néoprène... Préverenges, je reviendrai.

Commentaires

  1. Bravo !!! A la base, c'était pour faire du triathlon que j'avais repris la course en 2003... puis finalement, je n'en ai jamais fait...

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