Les Ultramarathoniens du Vendée Globe

Allez, je vous raconte ma vie. Blessée à la tête (accident non sportif), je passe une convalescence compliquée. Moi, la championne de la récupération, je vis mal qu'il y ait plus de bas que de hauts; d'être diminuée physiquement et dans mes capacités intellectuelles. Dans ce tunnel, il y a quand même quelque chose qui me tire en avant. Je vous le donne en mille: ce sont les marins engagés dans le Vendée Globe Challenge, course autour du monde en solitaire et sans assistance.

Quel rapport, me demanderez-vous? Allongée dans le noir, j'ai commencé à m'autoriser un peu de radio et me suis prise au jeu des "vacations" avec ces gaillards faisant voile, au milieu de nulle part, sur leurs fragiles monocoques high tech (comme cycliste, je suis bien placée pour connaître les avantages et inconvénients du carbone...).

L'odyssée du jeune Suisse Alan Roura (23 ans), réparant son safran dans les 40e rugissants, m'a scotchée, pas seulement parce que c'est mon compatriote. Et j'y ai vu une analogie: moi c'est l'informatique du bord que je dois réparer, au coeur de ma propre tempête. Et ne rien lâcher, pour revenir plus forte, tout en prenant soin de ma monture. Alan Roura, vous êtes mon héros.

Les leçons de courage de ces gaillards, les vidéos rigolottes, mention particulière à Jean Le Cam, dans des conditions qui ne l'étaient pas, rigolottes, m'ont redonné le moral. Moi aussi je me bats, et rire c'est bon pour la santé. Mon port à moi, c'est la guérison. Les blagues et les clins d'oeil sont mon oxygène.

Et puis, les exploits que font ces navigateurs me parlent. Ça ressemble à un ultramarathon, mais en pire. Un ultra, déjà, ça dure moins longtemps, y a des bénévoles sur le parcours et la technicité du terrain, tu la gères avec ton corps et ton mental. Si une pièce te lâche, c'est que tu es blessée, pas que tu as démâté au milieu de nulle part. Bref, le prochain qui me dit que les ultramarathoniens sont des tarés, je lui demande ce qu'il pense du Vendée Globe.

Chers marins, on dit de vous que vous êtes des conquérants de l'inutile. Peut-être. Mais vous n'êtes pas d'inutiles conquérants. Votre ténacité, votre conscience de votre fragile humanité tout en vous battant au maximum, bref, votre exemple, en inspirant une blessée du ciboulot, lui redonne des forces pour se battre, pour y croire, pour y arriver. Merci.

P.S et bravo aux deux premiers arrivés, Armel Le Cléac'h et Alex Thomson, pour leur exploit.

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