Renoncer, c'est mûrir un peu

Ah je m'en réjouissais de mon objectif de "fin de saison". Jusqu'au bout j'y ai cru, malgré tout. Malgré une intense fatigue. Malgré une surcharge de travail. Malgré le fait que j'ai couru de moins en moins. Malgré des analyses qui ont fini par dévoiler, après un mois de combat contre l'épuisement... que l'escargote, tout simplement, manquait de fer. Une semaine avant la course, je faisais même une rando-course de reconnaissance le long du glacier, dans la neige. Verdict: "ça peut passer." Que je croyais!

La veille de la course, le souffle court et portant avec peine mon sac à dos, je cale dans la montée et gravis avec  difficulté les escaliers. L'évidence est là: il est illusoire de m'aligner sur un semi-marathon de montagne. Pour moi qui y suis si souvent allée "au mental", c'est une défaite de jeter l'éponge. Et pourtant je sais que ce serait stupide de tenter le coup. J'ai encore en mémoire mon douloureux semi-marathon (récit à venir), un mois plus tôt où j'ai certes profité envers et contre tout de la beauté des paysages, mais j'ai aussi cru abandonner plusieurs fois, toute étonnée de cet étrange "frein à main" qui, durant 21 km, m'a empêché de démarrer et de courir correctement.
Je prends donc la décision de ne pas courir. C'est dur. Mais cela m'oblige aussi à me (re)poser la question. "Pourquoi je cours?" Pour le plaisir, les sensations, et surtout pas pour me faire mal! Donc je ne courrai pas 1) parce que mon corps n'en est actuellement pas capable et  2) parce que le forcer ne me procurerait aucun plaisir. Soudain, la défaite se transforme en victoire. Je me sens alchimiste, transmutant le plomb en or: je suis capable de courir, mais je suis aussi capable de renoncer. Je suis capable de lucidité, de maturité: je suis capable d'éviter de me faire mal. Bravo, l'Escargote!

Applaudir, un métier

Il ne me restait plus qu'à vivre la course, côté supporter. C'est ce que j'ai fait. Regardant tous les blocs s'élancer au départ. Me hissant juste à temps à l'arrivée, après quelques centaines de mètres parcourus péniblement, je vois le vainqueur franchir la ligne. Postée dans un contour de la dernière montée, j'applaudis les coureuses et les coureuses, chacun avec son style, son objectif, les uns le sourire aux lèvres, les autres dans la souffrance. Comme c'est beau, une personne qui court! Quelle joie aussi d'encourager des têtes connues, croisées sur d'autres courses, des amis ou de crier le prénom de parfaits inconnus qui soudain retrouvent la pêche et, galvanisés, donnent tout sur les derniers mètres. Et, last but not least, le bonheur de franchir les derniers 150 mètres avec une amie qui courait pour la première fois un course de plus de 10 km, l'accompagnant vers l'arrivée.

J'ai des ampoules aux mains d'avoir tant applaudi et l'enthousiasme, la fierté de tous ces coureurs m'a portée, m'a régénéré. Vivre une course populaire du côté des spectateurs, c'est aussi une magnifique expérience!

Cette année, en raison de la météo et de la neige, le parcours a dû être modifié. Au lieu d'un semi-marathon le long du glacier, la course a fait une boucle entre les villages en contre-bas. Je n'aurai pas "essayé" ce nouveau parcours. Mais en moi palpite, intact, le rêve de courir à nouveau le long du glacier. J'ai une année pour me réjouir. Et la course sera belle.

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