A la découverte des plans d'entraînement

Vous, je ne sais pas, mais moi je ne suis pas toujours très dégourdie. Par exemple, j'ai mis des années à découvrir l'existence d'un animal étrange: le plan d'entraînement.
J'ai commencé à courir par hasard, continué par accident et persévéré par passion.

Je courais le nez au vent, une à deux fois par semaine, et ça allait très bien. Certes, je ne terminais pas dans la première moitié du peloton, mais j'étais déjà bien contente de finir mes 10 km, en pensant parfois fièrement: "tiens, même pas fatiguée, j'aurais peut-être pu courir plus vite?

Et puis un jour m'est venue cette idée de courir un semi-marathon. Parfaitement. Un semi-marathon? Mouâ? Euh... ben... ah mais c'est qu'il va falloir m'entraîner! Mais comment fait-on pour s'entraîner?

Un ami bienveillant m'a indiqué un site internet avec des chouettes plans faciles à comprendre. Bon, me voici perdue dans la jungle des plans en libre-accès sur le Net. Heureusement, pour mon premier entraînement sérieux, je ne suis pas tombée trop mal. J'ai appris qu'il me fallait courir 3 fois par semaine, dont une "sortie longue".

Je n'ai pas tenté de comprendre ce que VMA, seuil, %FCM et autres abréviations barbares pouvaient bien signifier. Ne possédant qu'un vieux chrono, je n'ai même pas chercher à savoir combien de kilomètres je faisais à l'entraînement, ni quelle pouvait bien être ma vitesse.

Easy runner 

Au feeling, j'ai progressivement augmenté la durée de mes sorties, jusqu'à être très fière de courir 1h30 à la suite. C'est long, 1h30, quand on se rappelle avoir eu pour premier objectif de "tenir" 20 minutes! Et qu'est-ce que ça a été dur, les premières sorties de plus d'une heure! Interprétant les pourcentages de VMA etc, j'ai même fini par comprendre qu'il me fallait faire une sortie où j'allais faire des bouts de course un peu plus vite, en alternance avec des plus lents.

Comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, je suis ainsi devenue une ardente pratiquante du fartlek: "allez, à fond jusqu'au banc là-bas", "petit trot jusqu'à l'arbre". "On repart à fond jusqu'au tournant! Encore plus vite... et on trotte doucement" Et ainsi de suite. Avec une 3e sortie de 45 minutes en footing, j'étais bien partie pour me faire un fond.

Puis mon premier semi est arrivé. Je suis arrivée au bout en deux heures et quart, facilement jusqu'au 14e km où j'ai calé. Un genou mis à mal par un accident de skis quelques mois plus tôt s'est brutalement rappelé à mon souvenir... et c'est clopin-clopant que j'ai franchi la ligne d'arrivée. Il m'a fallu me rendre à l'évidence: si seulement j'avais un peu plus allongé la durée de mes sorties pour habituer mon corps à courir! C'était il y a deux ans... Cela me semble des siècles! 

Allez, on remet ça! 

Comme de juste, j'ai eu envie de recommencer... et de préparer un semi-marathon de montagne. Pensant que le payant, c'est mieux que le gratuit, j'ai souscrit à un coaching en ligne. J'ai indiqué ma vitesse sur 4'000 mètres, mon nombre de sorties par semaine et tout une série de paramètres, sans tricher.

L'ordinateur m'a sorti un plan des plus intéressants, avec même des séances sur stade. Au début, j'ai essayé de le suivre consciencieusement. Cela allait beaucoup trop vite. Quand je me suis retrouvée avec des sorties longues de 3 heures et un kilométrage hebdomadaire avoisinant les 80, j'ai éclaté de rire et laissé tombé le plan payant, m'en goupillant un qui finalement ne m'a pas si mal convenu.

Cher Bruno Heubi

Un jour je suis tombée (façon de parler) sur le bouquin de Bruno Heubi "Courir longtemps". Avec l'enthousiasme des convertis, je dois dire que ce livre a changé ma vie. Le plan semi-marathon m'a parfaitement convenu et, une année après le souvenir cuisant de mon premier semi, je franchissais la ligne d'arrivée en moins de deux heures, radieuse, à peine fatiguée.

"On ne court bien qu'à la vitesse à laquelle on s'entraîne", m'a appris Bruno Heubi. Introduire peu à peu des portions d'allure spécifique (l'allure à laquelle je prévoyais de courir le jour J) dans mes sorties longues m'a fait l'effet d'un truc magique.

Le club

Il faut aussi avouer que j'ai rejoint un club de course. Un club qui accorde une large place aux coureurs populaires. Et ça aussi, ça a changé ma vie de coureuse, mes entraînements. Ça m'a même donné assez confiance en moi pour imaginer pouvoir courir un marathon.

Un jour je vous parlerai de ce club formidable, et de son non moins formidable fondateur. Mais pour l'instant je suis trop inquiète de mon anonymat :-) Appelons-le le Club des escargots qui trottent. J'y ai tout appris et je continue d'apprendre. En plus, j'ai découvert à quel point c'est sympa de courir en groupe et comme les exercices a priori rébarbatifs deviennent finalement amusants.

Pas besoin d'être un sportif d'élite. Apprendre à courir mieux, à s'entraîner mieux, pour davantage de plaisir, de variété... Partager la passion de la course à pied et des moments conviviaux, s'ouvrir d'autres horizons: ce club m'a fait grandir.

Ma liberté...

Et les plans d'entraînement, me direz-vous? C'est un outil génial,  à condition de ne pas abuser. Améliorer sa vitesse? Travailler en vue d'un objectif spécifique?  Hop un plan!
Pour mon premier marathon, j'ai suivi avec beaucoup de discipline mon plan, concocté avec l'entraîneur de mon club et qui m'a parfaitement convenu. 

Mais je n'oublie pas que j'ai commencé à courir le nez au vent. Mes sorties,  que ce soit un footing ou une séance de fractionné,  ce sont des moments de liberté. 

Ma liberté,  c'est aussi de ne pas suivre le plan, lorsque je "devrais" faire un footing d'une heure mais qu'il fait si beau que je pars pour deux heures.  A l'inverse,  c'est de zapper un entraînement pour aller marcher en montagne. Courir est un plaisir et je trouverais dommage d'y mettre trop de contrainte.

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