Cours comme tu aimes

Dans mon carnet d'entraînement, j'ai relu un texte écrit il y a quelques mois. J'étais alors convalescente et j'ai vécu un curieux phénomène: c'était comme si la faiblesse du corps faisait sauter quelques limites mentales.

Voici ce que j'avais écrit:

1) Cours comme tu aimes, autant que tu l'aimes

2) Fais-toi confiance

3) Fais péter les barrières

4) Teste, expérimente et si tu te plantes, car tu en as le droit, tu sauras en tirer les leçons

5) tu n'es pas obligée de te mesurer aux autres

6) tu cours 21 km parce que c'est "raisonnable". Si tu as envie de te faire une sortie à 40 km, vas-y

7) prends du plaisir, vis l'instant


Et j'en rajoute une: prends soin de ton corps, écoute-le, il te le rendra.

Reprendre la course à pied m'a demandé beaucoup de patience et d'humilité. Cela a été dur, même en y allant progressivement et en alternant marche et course. Pour la première fois de ma vie, constatant à quel point j'avais perdu toute vitesse alors que j'étais déjà plutôt lente au départ, je me suis astreinte à un vrai travail de vitesse, une fois que mon corps a été capable de re-courir entre 45 minutes et une heure en endurance, régulièrement. J'ai donc alterné le fractionné long et le fractionné court, avec un plan que j'ai suivi assez rigoureusement.

Je me suis testée sur un cross où j'en ai bavé, malgré une vitesse moyenne lente. J'avais aussi l'impression de peiner sur les sorties longues et je me suis demandé si vraiment, ce travail allait payer, mon but étant de retrouver de l'aisance (des jambes!) et le plaisir de courir, non de me battre contre un chrono.

En me remettant à faire du stade, j'ai découvert que je pouvais tenir des allures qui me paraissaient il y a 6 mois quasi inatteignables. En même temps, je me méfiais du stade car l'allure y est de toutes manières plus rapide que sur route.

Et puis il y a eu des jours de "flow", où je croyais voler lorsque j'accélérais, sentant le vent sur mon visage et tout mon corps ravi d'être en mouvement. Il y a aussi eu des coups de "moins bien", où soudain c'était dur, les jambes en plomb, le moral en berne, le souffle court. J'ai appris que cela faisait partie du jeu. Je ne me suis pas inquiétée, j'ai continué. J'ai seulement prêté plus d'attention à la fatigue, sautant ça et là un entraînement ou le remplaçant par une sortie facile, une rando ou... du repos. Et lorsque je me suis reposée, je l'ai fait sans la culpabilité de sauter une séance du plan, car je savais que j'en avais besoin.

Au fur et à mesure que je cours dans cet état d'esprit, les barrières commencent à tomber d'elles-mêmes. Je prends chaque sortie comme un cadeau, et parfois c'est un cadeau très humide! Je n'ai plus peur de la maladie ou des blessures, car je sais que je suis capable de guérir et de revenir. J'essaie d'écouter mon corps. Parfois il a des ratés mais cela fait partie de l'apprentissage.

Quel que soit votre objectif, quelle que soit votre motivation, je vous souhaite ce plaisir, cette confiance et cette liberté.

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