Incorrigibles rêveurs

La course à pied, c'est bon pour la santé/ un effort/ du plaisir/ de la compétition/ se battre contre un chrono/ atteindre ses objectifs/ se dépasser/ une manière de voyager... cocher ce qui convient. Mais c'est aussi du rêve.

Longtemps, à entendre parler autour de moi de classements et de chronos, j'ai cru que mon cas de rêveuse patentée était isolé. Ah... combien de temps à rêver sur des noms de course, des paysages, une donnée kilométrique, un parcours sur la carte... à étudier le dénivelé, m'imaginer des sentiers, les yeux perdus dans le vague dans les transports publics. Ces rêves ont été été pour moi un puissant moteur dans ma découverte de la course à pied. 

Et si...?

C'est en découvrant qu'il existait un semi-marathon dans la région du glacier d'Aletsch que je me suis mise à préparer mon premier semi sur route. Ce rêve m'a portée, quand bien même il me semblait quasiment hors d'atteinte. Oh oui j'en ai rêvé! Oh oui, j'ai scruté la carte, cherché des comptes rendus, imaginé ma course... Puissance du rêve, magie du rêve: cette course continue à me faire rêver, même après l'avoir faite!

Un parcours, une destination... et hop, c'est parti pour la machine à rêves. La plupart de mes projets de course, avant d'être des projets, ont été des rêves. Ils ont toujours une longueur d'avance sur mon programme de course, mes rêves. Ils surgissent aux moments les moins marrants. Lors d'un jour court et morne de plein hiver, à la fin d'une grippe, pendant une période de vie difficile... Ou même à la fin d'une journée magnifique, par exemple juste après une belle course: "et si....?" 

Courir ses rêves 

"Et si je courais un marathon?", "et si j'allais courir dans la montagne?", "et si j'étais cap' de?", "Un jour peut-être, j'irai courir là-bas..." Ces rêves nous travaillent comme une pâte, nous poussent en avant, presqu'à l'insu de nous mêmes. Je me rends compte que j'ai toujours, blotti au fond de moi, un rêve de course qui me pousse à chausser mes godasses même fatiguée d'une longue journée de travail et sous une pluie battante. Il y a, tout autant que le projet de course immédiat, tout autant que l'objectif du moment, la formule magique du "Et si?" qui me porte et me transporte.

Mais quelle n'a pas été ma surprise de découvrir peu à peu que j'étais loin d'être la seule rêveuse en baskets. Oh oui, ils sont nombreux, les rêveurs, dans la tribu des runners! J'ai un ami qui aligne toutes les courses hors stade du calendrier sur 10km et moins. Avec succès. Il court beaucoup, et vite. Souvent les mêmes courses. 

Et le voilà qui déclare tout à trac: "Il y a un trail qui me fait rêver. Je n'ai pas le niveau car je ne suis pas un coureur longue durée, mais ça me tente tellement... Alors je vais réfléchir." Il a réfléchit, il a rêvé. Il s'est inscrit.

Lorsque vous croisez quelqu'un qui court, ne lui demandez pas après quoi il court, mais à quoi il rêve.

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